Un plongeon responsable dans les cénotes

Cénotes responsable

Les cénotes sont des puits naturels d’eau douce que l’on trouve en majeure partie dans la région du Yucatan au Mexique. Ces puits sont utilisés depuis des millénaires par les Mayas pour s’approvisionner en eau et parce qu’ils sont considérés comme sacrés. Or, depuis quelques décennies, les touristes en quête de beauté et parfois de sensations fortes, affluent dans les cénotes ce qui n’est pas sans risque pour ces derniers. Dans le même temps, la contamination bactériologique des cénotes liée à une mauvaise gestion de l’eau, constitue un problème majeur.

Comment peut-on envisager de continuer à utiliser ces cénotes tout en les préservant ?

Des puits sacrés pour les Mayas

Le nom « cénote » est d’origine maya, « d’zonot », et signifie « cavité avec de l’eau ». Ce mot est devenu « cénote » en espagnol. En effet, les Mayas pensaient que les cénotes permettaient de communiquer avec l’infra-monde, Xibalba en maya, et l’on y jetait des victimes sacrificielles, en général des femmes et des enfants, pour plaire au dieu de la pluie, Tlaloc. 

Le cénote, un accès à l’eau primordial pour la région du Yucatan

On ne trouve aucun cours d’eau visible dans la région du Yucatan, il n’existe que des rivières souterraines reliées par les cénotes. Les Mayas se sont donc logiquement installés à proximité de ces sources d’eau afin de pouvoir les utiliser pour leur consommation domestique et pour l’agriculture. Aujourd’hui encore, les cénotes alimentent les cultures et les villages alentours grâce à des systèmes de pompage. C’est donc un accès à l’eau très précieux qu’il convient de préserver. Pourtant les cénotes sont de plus en plus menacés.

Des cénotes menacés

Deux dangers majeurs mettent en péril les cénotes: la salinisation de l’eau d’une part, et sa contamination d’autre part.

Ces dernières décennies, les pompages ont tellement augmenté qu’ils ont provoqué l’arrivée d’eau salée dans les terres, cette eau salée étant totalement impropre à la consommation et aux cultures. Les eaux doivent alors subir un traitement de dessalement pour être utilisables.

La prolifération d’algues est un autre souci puisqu’elle empêche le développement de la vie dans les cénotes.

Mais la contamination de l’eau est encore plus préoccupante. Jean-Noël Salomon, géographe et spécialiste des cénotes, lançait déjà un signal d’alarme en 2003 dans Cenotes et trous bleus, sites remarquables menacés par l’écotourisme : « Les huiles solaires des baigneurs, les savons et les détergents amenés par les femmes qui viennent faire la lessive ne sont pas sans conséquences. Un bel exemple est celui du Cenote Aktun Ha près de Tulum et surnommé « Carwash » ce qui se passe de commentaires. Les méfaits de l’agriculture productiviste (engrais chimiques, pesticides, insecticides, etc.) se sont déjà fait sentir dans de nombreux cenotes ».

Jean-Noël Salomon prônait alors la mise en place d’une réglementation et d’infrastructures pour endiguer cette pollution croissante et périlleuse pour les cénotes.

La qualité de l’eau des cénotes est un sujet crucial car de nombreux cénotes sont contaminés par les déversements de déchets et par les fosses septiques provoquant ainsi des risques sanitaires et des maladies mortelles (typhoïde, dysenterie, choléra, etc.). 

Le tourisme, un danger supplémentaire pour les cénotes ?

Les cénotes de la péninsule du Yucatan sont célèbres pour la plongée sous-marine et le snorkeling. Or, une trop grande fréquentation des cénotes a pour conséquence leur fragilisation et des modifications environnementales lourdes de conséquences.

On constate parfois des dégradations importantes, notamment des bris de stalactites et de stalagmites soit par vandalisme, soit par la force des bulles des appareils de plongée.

Recommandations aux plongeurs pour préserver les cenotes

Face à ces dérives, des règles se mettent progressivement en place.

Ainsi sont interdits dans les cénotes : les crèmes solaires, les anti-moustiques ou tout autre produit chimique afin de préserver l’eau. Il est obligatoire de prendre une douche avant d’entrer dans le cénote. Enfin, on ne doit rien toucher, ni les plantes, ni la faune, et encore moins les stalagmites ou stalactites.

En conclusion, pour que ces lieux restent intacts, il convient d’avoir un comportement responsable lorsque l’on visite et plonge dans les cénotes.

Isabelle Gheleyns-Guedj

Source: Jean-Noël Salomon Cenotes et trous bleus, sites remarquables menacés par l’écotourisme, Les Cahiers d’Outre-Mer  (2003). Toujours d’actualité !

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